Dissection de l'escargot

Le gros gris Cornu aspersum (Helix aspersa maxima) est un escargot commun dans toute l’Europe de l’Ouest et du Sud, il apprécie les sols calcaires et l'humidité. C'est un Mollusque appartenant à la classe des Gastéropodes.
Le corps de l’animal est divisé en trois parties: la tête, le pied et la masse viscérale protégée par une coquille calcaire. La tête porte les organes sensoriels et la bouche. La région céphalique de l’escargot porte deux paires de tentacules dorsaux, creux et rétractiles. Ils peuvent en effet se retourner comme un “doigt de gant” et rentrer complètement dans la tête. Les tentacules antérieurs, renflés à leur extrémité distale, sont les plus courts; ils assurent des fonctions sensorielles tactiles. Les tentacules postérieurs sont des pédoncules oculaires. Ils présentent également un renflement terminal dans lequel sont logés les yeux. Ce qui place ces escargots dans l’ordre des Stylommatophores. La pigmentation noire des yeux, ainsi que celle des nerfs oculaires, les rendent aisément visibles.
La bouche antéro-ventrale à la forme d’un croissant, elle est entourée par 4 lèvres : une lèvre supérieure, deux lèvres latérales (joues) et une lèvre ventrale bilobée. Dorsalement est visible une mâchoire cornée et dentée de couleur brune. La langue, ou radula, est ventrale. C’est un organe caractéristique des mollusques, utilisé comme une râpe pour prélever la nourriture.
Juste en arrière de la tête, sur le côté droit, est situé l'orifice génital impair. L’escargot est un animal hermaphrodite protandre signifiant que les gamètes mâles arrivent à maturité avant les gamètes femelles.
Le pied, extrêmement développé, forme l’essentiel de la masse charnue visible lorsque l’animal se déplace. Sa face ventrale constitue une sole de reptation importante, typique des Gastéropodes. Des ondes de contractions régulières se propagent le long de la sole et permettent le déplacement de l’animal. Une glande pédieuse sous la lèvre inférieure secrète un abondant mucus. Il assure la lubrification de la sole et l’adhérence au support. Le pied est surmonté de la masse viscérale entourée du manteau. Ils forment un sac conique enroulé en hélice et protégé par la coquille. Chez l’animal en pleine extension seul le bord du manteau, ou bourrelet palléal, est visible. Ce bourrelet borde l’ouverture de la coquille - ou péristome - et peut même la recouvrir légèrement.  Sur le bord inférieur droit du bourrelet palléal s’ouvre l’orifice palléal, ou pneumostome, protégé par deux lobes. Postérieurement, l’anus et l’orifice urinaire sont accolés à ce pneumostome.
La coquille de l’escargot est constituée de carbonate de calcium. Elle s’enroule en hélice autour d’un axe, ou columelle. L’enroulement de la coquille s’effectue dans le sens des aiguilles d’une montre. La coquille est dite dextre. Très rarement certains individus présentent une coquille senestre, l'enroulement s’effectue alors dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.

L’observation des organes en place nécessite d’extraire l’escargot de sa coquille. L’animal euthanasié est facilement extirpé de sa coquille après décongélation.
Placer l’animal sur le pied dans la cuve de dissection remplie d’eau. L’épingler dans la région céphalique et la partie postérieure du pied.
Sont maintenant visibles: le bourrelet palléal, le poumon, le pneumostome, le cœur, l’organe de Bojanus ou rein, le rectum et l’anus, le tortillon viscéral dans lequel se trouve la glande de l’albumine et l'hépatopancréas.

Cornu aspersa est un Gastéropode terrestre, il effectue une respiration pulmonée. Le poumon, limité par le bourrelet palléal, communique avec l’extérieur par le pneumostome. C’est un orifice étroit servant à réguler à la fois la sortie et l’entrée de l’air. La fréquence de fermeture / ouverture est en moyenne d’une fermeture toutes les deux minutes.
Pour mettre en évidence l’intérieur de la cavité pulmonaire, il faut introduire la pointe des ciseaux dans le pneumostome. Sectionner la paroi du poumon dans l’épaisseur du bourrelet palléal jusqu’à la pointe du rein. Épingler la paroi pulmonaire sur la droite de l’animal.
Sont maintenant visibles le plancher de la cavité respiratoire et la paroi pulmonaire qui contient de nombreux vaisseaux reliés au cœur.

Le cœur est logé dans la cavité cœlomique - ou péricarde - dont les parois sont très minces. Le sang ou hémolymphe est légèrement bleuté car il contient de l’hémocyanine, un pigment respiratoire. L’oreillette reçoit le sang hématosé provenant des veines pulmonaires. La contraction de l’oreillette envoie le sang dans le ventricule.
A son tour le ventricule se contracte et envoie le sang dans l’artère qui se divise en deux branches. L’aorte antérieure irrigue la tête avec une branche salivaire, une branche génitale côté droit et une branche palléale. L’aorte viscérale postérieure irrigue surtout l’hépatopancréas.
Il circule ensuite dans un système de lacunes et de sinus fortement développé dans le pied. L’appareil circulatoire est dit ouvert.
Le sang carbonaté converge ensuite vers le rein ou organe de Bojanus, puis circule dans la partie dorsale du poumon pour revenir hématosé à l’oreillette.
Situé proche du cœur, sur le côté droit de l’escargot, le rein communique avec la cavité péricardique par un orifice réno-péricardique. Le rein est impair, très volumineux et d’aspect granuleux. L'urine produite permet d'éliminer les déchets azotés de l’animal. Le conduit excréteur courre parallèlement au rectum pour déboucher à l'extérieur au néphridiopore. Celui ci est microscopique et situé à proximité de l’anus.

L’appareil digestif de l’escargot est formé par un tube digestif complet en forme de U, qui va de la bouche à l’anus et par des glandes annexes comme les glandes salivaires ou l’hépatopancréas. La bouche et l’anus s’ouvrent hors de la coquille, tandis que l’anse du U se situe au fond de celle-ci : cette disposition est dû à la torsion à 180° qui intervient au cours du développement.
Pour observer les organes digestifs il faut, à partir du bourrelet palléal, inciser le tégument dorsal de l’animal jusqu'à la tête, et épingler les volets sur les côtés. Puis faire une seconde incision du plancher de la cavité palléale jusqu’au début de l’hépatopancréas.
La bouche porte une mâchoire brune chitineuse, située dorsalement qui permet de sectionner les végétaux. Ventralement est visible une langue appelée radula. Elle est utilisée pour râper la nourriture grâce à des mouvements antéropostérieurs. La radula est renouvelée en permanence par le bulbe radulaire.
Pour observer la radula et le bulbe radulaire, il faut repérer le bulbe buccal situé derrière la bouche. L’ouvrir délicatement à l’aide de pinces fines. Extraire la radula en tirant sur l’extrémité du bulbe radulaire. Les dents chitineuses qui la compose sont visibles à fort grossissement.
Un œsophage constitué par un long tube cylindrique se prolonge vers l’arrière pour former un volumineux jabot fusiforme. Sur ce dernier sont visibles des glandes salivaires symétriques blanchâtres multilobées qui se jettent dans le bulbe buccal via des canaux visibles le long de l’œsophage.
Pour observer le reste du tube digestif, il faut séparer l’hépatopancréas de l’appareil génital. Un estomac, de dimension réduite, est visible entre les lobules hépatiques. L’hépatopancréas est formé de lobes entre lesquels l’intestin forme une boucle. L’intestin se prolonge par le rectum et se termine par l’anus qui débouche à proximité du pneumostome.

L’escargot est un animal hermaphrodite. Sa gonade – appelée aussi glande hermaphrodite ou ovotestis – est à la fois ovaire et testicule. Elle est située dans le petit lobe de l'hépatopancréas.  Pour la mettre en évidence, il faut déchirer délicatement les membranes entourant les premiers tours de spire de l’hépatopancréas.  Détacher également le muscle columellaire qui permet à l’escargot de rentrer le pied dans sa coquille. Revenir côté interne pour replacer certains organes de l’appareil génital. Est maintenant visible la glande de l’albumine. Ainsi que l’ovotestis qui se distingue de l’hépatopancréas par sa texture plus dense.
Après leurs productions, les gamètes cheminent dans un canal hermaphrodite torsadé commun qu’il faut préserver.  C’est dans le canal godronné, juste après la glande de l’albumine que les gamètes se séparent pour suivre soit l’oviducte, soit le spermiducte. En contact avec le canal godronné sont présents deux canaux qu’il faut séparer délicatement. Il s’agit du flagellum femelle...et du réceptacle séminal. Celui-ci se termine par la poche copulatrice de couleur rougeâtre. Ces deux conduits fusionnent dans un canal unique qui se prolonge vers l’oviducte. L’oviducte rejoint enfin le vagin.
Séparer délicatement le spermiducte après sa sortie du canal godronné… jusqu’au pénis. Basculer sur le côté droit le pénis... et le maintenir avec une épingle. Celui-ci est renflé et présente un muscle rétracteur.  Avant de rejoindre le pénis, le spermiducte présente un long flagellum mâle qui permet de stocker les spermatozoïdes sous forme de spermatophores. Ceux-ci seront échangées entre les deux individus lors de l’accouplement. Le vagin et la gaine du pénis débouchent sur un orifice génital commun. Un sac musculaire ovoïde, la poche du dard, s’ouvre largement dans le vagin. Ce sac renferme une pointe calcaire acérée, le dard, qui intervient lors de l’accouplement. Ce schéma montre l’ensemble de l’appareil génital de l’escargot après dissection.
Lorsque deux individus de la même espèce se rencontrent, ils commencent par s’enlacer : ce sont les préliminaires !  Pendant cette phase, suite à la contraction de la poche musculaire, le dard sort de l’orifice génital et vient transpercer le tégument du partenaire. Sa sortie est facilitée par un mucus spécial produit par les glandes multifides. Il joue un rôle stimulateur et permet d’assurer une plus grande descendance en augmentant le taux de fécondation des ovocytes. Lors de la copulation, le pénis blanchâtre de chaque escargot sort par l’orifice génital et il est introduit dans l’orifice de l’autre individu. Les deux escargots s’échangent leurs spermatophores. Ils vont s'accumuler dans le réceptacle séminal du partenaire qui se termine par la poche copulatrice. Deux à trois semaines après l’accouplement, les deux escargots produisent des ovocytes. Ils sont fécondés par les spermatozoïdes du partenaire à l’extrémité de l’oviducte. En passant dans l’oviducte, les ovocytes, enrobés des sécrétions de la glande de l’albumine, acquièrent leur enveloppe calcaire.

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